Dernière mise à jour le 30 avril 2024 à 7h18
En général, j’ai du mal à trouver des parents globetrotteurs aussi fous que nous 🙂 (quoi que…) Alors quand Nancy m’a parlé de faire l’ascension du volcan Rinjani en Indonésie, à Lombok, avec un petit globetrotteur de 2 ans et demi, j’ai voulu avoir leur compte-rendu. Nancy a gentiment accepté de se prêter au jeu de l’article-invité. Voici leur périple.
Présentation des aventuriers
Jonathan et Nancy à Singapour depuis octobre 2007. Globetrotteurs confirmés. Petit E. (2 ans et demi). Né en septembre 2011 et déjà 21 voyages au compteur (sur 11 différents pays). Date du voyage : Mai 2014. Durée : 7 jours complets (2 jours à Mangsit, 2 jours de trek, 2 jours à Gili Meno et 1 jour à Sengiggi).
C’est sur un coup de tête que nous avons décidé de prendre des vols pour Lombok… 1 mois avant le départ ! Une excellente opportunité sur Silkair avec un tarif à 1200SGD pour nous trois que nous avons saisie ! Dès que j’ai appris la nouvelle à mon mari, il m’a tout de suite parlé du Rinjani et de son envie de faire un trek… j’ai alors commencé à regarder si c’était possible ou pas. Je n’ai trouvé aucune info sur le net de trek avec enfant si jeune, à part un post sur le blog d’une famille qui avait fait l’ascension jusqu’au Rim avec des enfants de 6 et 10 ans.
J’ai contacté plusieurs organismes locaux de Trek pour voir s’il était possible d’organiser une expédition sur mesure et privée… et nous avons finalement décidé de le faire ! Le cratère était hors de question puisqu’à 3,726m d’altitude, mais le Crater Rim nous semblait faisable avec une altitude d’environ 2,600m (voir article sur altitude et âge de l’enfant).
Avant le départ
Avant le départ, j’ai bien sur contacté plusieurs organismes afin de comparer les prestations et les tarifs. Niveau prestations les treks sont bien rodés et tous inclus le même genre de services. Par contre Galang Ijo a rapidement attiré mon attention suite aux différents posts lus sur les forums. Il y a un gros gros problème d’ordures abandonnées dans la Nature et Galang Ijo était cité à maintes reprises pour sa collaboration au ramassage des ordures sur tout le chemin du trek. Aussi, des trois organismes que j’ai contacté, Sapri (le gérant) est la personne qui répondait le plus rapidement, dans un bon anglais et en donnant des détails supplémentaires à chaque réponse (c’est toujours mieux de recevoir une réponse bien détaillée plutôt qu’un simple YES ou NO). Sa disponibilité et compétence nous a fait une excellente impression.
Il nous avait annoncé un tarif de 220 USD par personne que nous avons négocié à 200 USD par personne tout inclus (c’est à dire, le pick-up et drop-off à notre hôtel, la première nuit dans une guesthouse la veille du départ, tous les repas, le guide, les deux porteurs et la location de tout le matériel nécessaire au camping – en incluant un sac de couchage et un matelas pour notre fils). Il m’a demandé quel genre de nourriture il devait prévoir pour notre fils (super initiative). Pour la nuit dans le village de Senaru, il m’a proposé l’hôtel Senaru Cottages et m’a prévenu qu’il n’y avait pas d’eau chaude. Après avoir lu des retours d’expérience catastrophiques sur internet, je lui ai demandé s’il n’avait pas une alternative… et il m’a proposé The Lighthouse qui avait l’air top, tranquille, simple et avec eau chaude ! Il m’a demandé si je pouvais lui faire un virement de 30% du montant par paypal, ce que j’ai fait pour réserver la date.
Nous avons commencé un mini-entraînement 20 jours avant le départ. Au programme mini-treks en famille tous les samedis et dimanches à Singapour (Bukit Timah, Mc Ritchie, Mount Faber, Rando des ponts). Et aussi pour habituer bébé à rester longtemps dans le porte bébé dorsal que l’on nous avait prêté… Nous avons également investi dans l’achat de vêtements et chaussures adaptés (merci Decathlon.sg et Novena Square Mall !).
Une semaine avant le départ nous avons rabâché encore et encore à notre fils que nous allions voir un volcan, et beaucoup marcher pour arriver en haut de la montagne… et aussi que nous dormirions dans une petite cabane en haut de la montagne (aka tente de camping !) et qu’il devrait être bien sage car maman et papa allaient devoir beaucoup marcher et seraient très fatigués ! J’avais aussi préparé quelques petites surprises dans mon sac pour rendre l’ascension et la descente plus sympa pour lui !
Sur place
Nous avons commencé par deux nuits dans un super hôtel pour nous préparer psychologiquement au trek… puis lundi après-midi Sapri est venu nous chercher personnellement en voiture à notre hôtel. Le village de Senaru se trouve à environ 2h30 de Sengiggi. Nous sommes arrivés dans notre petite guesthouse « The Lighthouse » sous une pluie torrentielle !!! Nous avons bien cru que le trek serait annulé… Les propriétaires du lieu sont allemands, ils habitent à Senaru depuis 4 ans. Ils sont vraiment impliqués dans le developpement touristique et surtout la sensibilisation des jeunes habitants locaux au problème des déchets en plastique. Ils ont acheté le terrain il y a 2 ans, et on fait construire une petite maison dont ils occupent le rez de chaussée. Le premier étage est réservé à des touristes de passage. C’est très rustique mais très cozy avec une belle salle de bains bien propre !
Sapri est revenu nous chercher pour nous emmener dîner et faire une introduction du trek, nous montrer la carte afin de nous expliquer quel chemin nous allions prendre et nous donner quelques conseils. Nous avons revu la liste du matériel ensemble afin d’être sûrs que rien ne manquait (en particulier pour notre fils). Nous avons réglé les 280 USD restant en cash. Au menu du dîner ce soir-là, riz frit avec légumes croquants et omelette dans un warung local mais excellent ! Et en plus il y a avait plein d’enfants pour jouer av Petit E. !
Avant de nous coucher, nous avons prévu toutes nos affaires pour le lendemain : Papa porterait le porte-bébé av petit E. et l’appareil photo reflex dans la poche du sac (environ 20kilos). Maman porterait le sac à dos avec toutes les affaires (environ 7 à 8 kilos) (à noter que nous avions la possibilité de prendre un porteur supplémentaire pour nos affaires avec un tarif de 20 USD par jour).
Le trek
JOUR 1 – Apres une nuit bien courte (gros orages, peur que la moustiquaire ne soit pas très efficace, bébé qui a dormi avec nous dans le grand lit, chants de prières à 5h et boule au ventre de peur que la pluie ne s’arrête pas…) nous avons vérifié nos affaires, et pris notre excellent petit déjeuner sous un magnifique ciel bleu! Cela nous a mis de bonne humeur, et c’est plein d’entrain que nous avons lacé nos chaussures pour le départ. Le chauffeur est venu à 07h45 et nous avons pu faire connaissance avec notre guide Aril. Ils nous ont emmené au point de départ (3 min en voiture – no comment) et voilà nous avons commencé à marcher… nous sommes alors à 600m d’altitude.
Il faut s’enregistrer au point de départ sur un registre officiel en indiquant notre nom, numéro de passeport, nationalité. Il y a 3 à 4 policiers qui sont là… personne ne nous a fait de remarque au sujet de notre fils… (À noter : le prix de Rp. 150,000 par personne est inclus dans le prix du trek, il faut savoir que 13% de cette somme est allouée au parc national, 62% au financement du programme d’éco-tourisme et 25% pour la maintenance des chemins de trek).
La 1ère heure du trek alterne plat et montées dans la jungle, après la grosse pluie de la veille il y avait un peu de boue sur le chemin. Notre guide Aril s’est calé sur notre rythme. Nous sommes arrivés assez rapidement à la « POS I » mais nous ne nous sommes pas arrêtés. Nous préférions marcher lentement, mais sans s’arrêter. Nous sommes arrivés à la POS II et là, c’était arrêt obligatoire pour le déjeuner ! Nous sommes alors à environ 1500m d’altitude et entourés de nuages en plein jungle… Cette POS II est en fait le point de passage pour ceux qui montent et ceux qui descendent, il y a avait donc plusieurs groupes présents, notre arrivée avec bébé n’est pas passée inaperçue et beaucoup de monde (incluant des touristes) voulait faire une photo avec nous !
Au menu un excellent repas copieux, soupe de nouilles et légumes, petite salade, fruits frais, thé chaud – un régal !
Après ce bon repas, on prend la montée dans la jungle, le chemin est pénible avec un dénivelé très important. Nous arrivons à la POSIII pour une pause (env. 2000m d’altitude), nous sommes essoufflés et trempés de sueur. Les porteurs nous ont doublé… ils sont en tongues, et fument en portant env. 35 à 40 kilos sur un bout de bambou. Sans commentaire. On repart au bout de 15 minutes, il y a des déchets partout c’est assez triste. Bébé alterne des périodes de sommeil et de chants (on a eu droit à au clair de la lune en boucle pdt 30 minutes).
On arrive à la POS III extra – on se repose encore 15 minutes. Bébé ramasse des feuilles et des branches. On commence à être crevés. Le guide nous annonce encore environ 2h de marche. Il propose de porter le petit et que Jonathan prenne son sac (15kilos). On accepte car il parait que c’est la partie compliquée avec des graviers et des rochers à grimper. Il lui apprend des mots de Kanak (dialecte du nord de Lombok) et on a droit à des « Apuh Neneh » en boucle (qui veut dire « qu’est-ce que c’est ? »). Petit E. est ravi et répète comme un perroquet. Aril prend de l’avance et on le voit disparaitre derrière les rochers avec notre fils sur le dos. Mais on est trop occupés à grimper pour les poursuivre. Heureusement qu’ils nous attendent en haut. Le petit nous demande « pourquoi maman est toute rouge ? ». No comment.
Enfin nous arrivons sur du « plat » au bord d’une paroi inclinée. Et là, oh miracle on aperçoit des taches de couleurs sur la montagne au loin… on espère que ce sont les tentes installées par les porteurs… eh oui c’est bien ça !! On reprend espoir !! Finalement au dernier virage on prend conscience qu’on y est arrivé en voyant le majestueux Rinjani face à nous, la caldera, le lac, le bébé volcan en bas… c’est magique. Mon mari et moi on se regarde, et on se dit « on a réussi, et ça valait vraiment le coup ». On est trop contents.
Pour faire simple on peut résumer la montée à :
- 1h de jungle tranquille plat/et montées en alternance
- 2h de jungle avec racines et dénivelé important
- Pause déjeuner à la POSII à 1500m (environ 40min de pause pour nous)
- 2h de montée dans la jungle – toujours aussi pénible
- 1h de montée dans une zone de savane + gravier
- 40 minutes de montée dans une zone de rochers puis 20 minutes de marche sur une paroi inclinée à 45% environ et sans « vrai » chemin à suivre.
Total un peu plus de 7h30 pour nous – départ à 8h – arrivés en haut à 15h30 environ.
Aril nous montre notre tente qui est la mieux placée sur le bord ouest du Rim. On a une vue dégagée des deux côtés du versant. De gros nuages couvraient notre vue vers l’ouest, le soleil est caché par quelques nuages qui se sont dissipés au bout d’une grosse heure. Petit E fait une grosse sieste dans la tente et nous aussi d’ailleurs !!! Nous sommes ressortis pour admirer le coucher de soleil sur la mer de nuages… époustouflant.
Nuit dans la tente
La nuit tombe vers 19h, dès que le soleil se couche il commence à faire bien froid, surtout il y a pas mal de vent… nous dînons rapidement sous les étoiles : un bon bol de poulet au curry avec légumes et riz pour les parents, et des légumes croquants avec du riz sauté et une salade de tomates pour bébé ! Une assiette d’ananas frais coupé pour le dessert ! On s’est encore régalés !
Nous avons joué dans la tente une bonne heure (merci aux petits cadeaux surprises qui ont bien servis !). Il faut bien penser à prendre une lampe frontale ou une lampe de poche pour avoir de la lumière… Petite anecdote, nous avons bien sûr du ressortir pour le dernier pipi du soir avant le dodo (notre fils est propre la nuit depuis 2 mois) et c’était une expérience assez drôle sous la lumière de la lune (presque pleine d’ailleurs) et avec le vent !
La nuit s’est très bien passée, surtout pour petit E. qui a dormi comme un loir, malgré un vent à décorner les bœufs qui faisait bouger la tente dans tous les sens… Les matelas étaient bien épais et super confortables, et les sacs de couchage sont doublés en polaire. Malgré cela, nous avons dormis tout habillés… Petit E. n’est pas habitué à dormir avec une couverture sur les jambes (merci Singapour et son climat !) et il n’arrêtait pas de repousser le sac de couchage avec ses jambes, du coup ma nuit a été entrecoupée à vérifier qu’il était emmitouflé bien au chaud…
JOUR 2 – Réveil à 06h pour voir le lever du soleil…
Magnifique vue depuis notre porte de tente, le soleil se lève derrière une petite montagne en face du Rinjani. Nous n’avons pas marché en haut de la colline à cause de bébé qui dormait mais je pense que nous aurions dû. C’était quand même magnifique, avec l’ombre du Rinjani projetée vers l’ouest, la vue sur Bali et les îles Gili.
Petit E. s’est réveillé à 6h30, il a pris son petit déjeuner et s’est recouché de 7h à 8h00. Il avait besoin de se reposer… Papa et maman se sont détendus et ont mangé une quantité gigantesque de beignets de banane fris accompagnés de thé bien chaud… un régal !
Ni le guide, ni les porteurs ne nous ont pressés. Tous les autres groupes sont redescendus avant nous, et ces 30 minutes passées la haut sous un ciel bleu, avec un soleil magnifique et sans autre bruit que le piaillement des oiseaux sont l’un des meilleurs souvenirs de l’aventure.
La descente est plus dure que la montée, du moins c’est l’impression que nous avons eu. Heureusement Aril s’est porté volontaire pour porter notre fils sur son dos sur la première étape (celle des graviers). Nous avons eu une petite chute après 1h30 de marche car le terrain était très glissant et nous dérapions sans arrêt. Notre fils a été malade dans le porte bébé à la descente, sûrement à cause du choc des pas du guide, et du fait que le porteur doit se pencher en avant pour maintenir un certain équilibre… du coup il a eu le mal des transports dans son porte-bébé et a vomi dans le dos du pauvre Aril… ce dernier a vraiment bien géré la situation, a changé son t-shirt et a tenu à porter notre fils jusqu’au bout de la première étape (ce qui lui a d’ailleurs valu un bon pourboire au moment du départ !). Nous avons croisé des singes aussi, ce qui a beaucoup plu à notre fils.
Les 30 dernieres minutes du trek ont été faites à pied par notre fils, en tenant la main d’Aril dont il ne voulait plus se séparer…
Après 7h30 de marche, nous voici arrivés à notre point de départ ! Toute l’équipe Galang Ijo nous attendait dans les bureaux pour nous féliciter !
En résumé
- Pour parents et bébé globetrotteurs confirmés.
- On recommande vraiment Galang Ijo, nous n’avons aucun commentaire négatif à faire.
- Aucun hôpital digne de ce nom dans le Nord du pays, le guide dispose d’un kit premiers secours et c’est tout. Personnellement j’avais plusieurs médocs dans mon sac (anti-vomitifs, anti-diarrhéiques, anti-fièvre, thermomètre, désinfectant, sachets de réhydratation pour adultes et enfants, compresses et pansements). Aussi on avait accordés que si bébé avait le moindre souci avant le départ (fièvre, toux, nez bouché ou autre on annulerait l’ascension).
- Ne pas oublier d’emporter des vêtements chauds surtout pour bébé qui est immobile pendant toute l’ascension dans le porte-bébé. Prendre des coupes vent genre k-way. De bonnes chaussures de rando sont obligatoires !
- Prendre une lampe pour la soirée dans la tente !
- L’idée des surprises pour bébé est vraiment sympa car à chaque pause petit E. avait un cadeau à déballer. Petit E. n’a pleuré a aucun moment, et a été super !
- On était aspergé d’anti-moustiques en permanence et nous n’avons eu aucune piqûre pendant notre séjour sur l’île.
- Les nuits sont fraiches au Rim (environ 10 à 15 degrés), les batteries de nos téléphones se sont totalement vidées, heureusement que l’appareil photo a tenu le coup ! (peut être une bonne idée de dormir avec les téléphones au chaud dans le sac de couchage eux-aussi…).
- S’attendre à de fortes courbatures aux jambes le lendemain de la descente…
⇒ Une expérience absolument inoubliable, et extraordinaire. L’effort physique est certes intense, mais la récompense n’a pas de prix !
Julien
Je reste admiratif! Je voyage régulièrement avec mes 2 enfants (3 ans et 1 an) mais je ne pense pas que j’oserais faire ce genre d’ascension car les chutes me font peur.
Félicitations en tout cas pour avoir osé et réussi!
Jennifer Yang-Meslet
Bravo Nancy, je suis epatee! Je vais faire suivre l’info a mon mari qui va faire l’ascension en course en aout.
Maman Globetrotteuse
Bonjour Jennifer,
Il y a une course sur les pentes du Rinjani ?